mercredi 10 novembre 2010

23. La chevauchée de l'Archange

Cette nuit à, une nuit d’hiver, le vent hurlait dans la cheminé. Quelques braises rougeoyaient encore, mais le feu se mourait Aussi, je décidais d’aller au chaud, ce qui veut dire aller au lit.
Bizarrement, le sommeil me fuyait. J’avais beau fermer les yeux, mais rien ne se produisait. Je pensais m’évanouir dans les brumes du sommeil, mais non ! Je gardais les yeux ouverts… Un bruit de cavalerie se faisait entendre à l’horizon, et bientôt, apparut un nuage de poussière tandis que le galop d’un cheval se faisait de plus en plus précis. Et bientôt un énorme cheval blanc s’arrêta à ma droite. Le cavalier qui le montait était grand, bien de sa personne, bien proportionné. Vêtu d’une cote de mailles qui recouvrait une tunique blanche, armé seulement d’une longue lance : il ne portait pas de casque, mais une chevelure blonde, bouclée en tenait lieu.
Il se présenta et me dit : «Que la paix soit sur vous ! Je suis Mikaël, le Chef des armées célestes. Voulez-vous me faire l’honneur de monter avec moi : je vais vous faire les vanités du siècle ; ensuite, Notre sSeigneur m’a permis de vous montrer la seule véritable gloire. »

Comme l’invitation de l’Archange me convenait, j’acceptais. Sitôt dit, sitôt fait : je me trouvais à califourchon sur la monture de l’Invulnérable. Il m’avait placé devant lui : aussi, je me trouvais en sécurité.
L’Archange alors caressa son cheval et l’énorme animal s’éleva et prit la direction du Sud-ouest. Invisibles aux autres humains, nous suivions la grande ligne de chemin de fer en direction de Bordeaux. Là, nous avons pris la direction de l’ouest ; l’Invulnérable me dit : « jeune homme, nous allons à Pons, une petite ville qui vous est chère, puisque c’est la ville natale de votre Maman ; à côté de la tombe familiale desMagdelein, il y a une autre tombe que je veux vous faire voir : c’est le sépulcre d’Emile Combe.
Effectivement, j’avais là, dans le cimetière de Pons, des membres de la famille maternelle, et à côté, le petit père Combe reposait… L’Archange Saint Michel, (car c’était lui), me dit : : « L’homme qui gît en ce lieu a fai beaucoup de mal à l’Église : il a été honoré, adulé,et maintenant il ne reste pour ainsi dire presque plus rien de lui : il est descendu au Chéol, (Séjour des Morts) malgré toute la puissance dont il pouvait disposer ! »
Sur le mur du fond, on pouvait lire toutes les inscriptions élogieuses que les frères de la Grande Loge ou du Grand Orient avaient fait graver sur le marbre. Et cependant il ne restait sans doute qu’un squelette décharné ! – D’ailleurs, le sépulcre commençait à souffrir des outrages du Temps.

L’Archange me dit : «Nous allons partir : il y a encore beaucoup à voir avant le lever du jour ! » Et de nouveau, j’étais installé sur le grand cheval blanc : il prit son envol et nous étions au-dessus d’une large plaine : au loin, on distinguait les clochers bulbeux d’une église orthodoxe. « Où sommes-nous ? » demandais-je à mon auguste compagnon de route ; il me répondit : « Nous voici à Moscou, près du Krémlin : là, repose la dépouille mortelle de Lénine. » - L’Archange me dit en me montrant le mausolée : « ici repose un autre homme adulé, chéri de son peuple ; et pourtant lui aussi a fait bien du mal à l’Église ! Quand il est rentré d’exil, ses compatriotes l’ont accueilli au chant de la « MARSEILLAISE.» Il fit fermer toutes les églises, interdisant les offices. Plus tard, Staline fit une propagande en faveur de l’athéïsme : maintenant tous deux sont morts et ont dû rendre leurs comptes à l’Éternel. Mais, je vous le dis : bientôt, l’Empire qu’ils ont fondé va s’écrouler : la Foi orthodoxe qui couve sous la cendre rejaillira ! Mais de ces deux hommes, il ne reste que des os blanchis ! »

Et de nouveau, l’Archange me prit sur sa monture et nous voilà partis en direction de l’Est. Nous avons franchi une énorme chaîne de montagne : l’Himmalaya : nous étions en Chine, dans le sud du pays. Saint Michel conduisait sa monture avec une grande adresse qui eût fait envie à beaucoup de cavaliers. « Nous arrivons à Pékin. Nous sommes en Chine. » me dit le chef des armées célestes, « nous voici devant la maison de Mao Tsé Toung : c’est le chef suprême du pays. Et je doute que le petit livre rouge soit une bonne condition pour le salut de son âme. Toutefois, j’espère que la miséricorde divine sera grande !»Nous étions devant la Maison du Peuple : un Congrès s’y tenait : on pouvait entendre le « Grand Timonier » qui pour l’heure prononçait un discours véhément contrre l’occident.
L’invulnérable me dit : « Là comme en Russie et comme à Cuba,les prisons sont pleines de personnes qui ont osé parler de Liberté. Ils ont osé contester le mensonge ! »

Et de nouveau, nous avons pris notre envol vers l’Est : l’Océan Pacifique agitait ses vagues moutonneuses deux mille mètres plus bas.On pouvait apercevoir de minuscules points noirs : des navires qui allaient vers San Francisco ou Yokoama Nous atteignons l’isthme de Panama, puis Cuba.
L’Archange me dit : « Là aussi, il y aura bientôt du changement : Fidel Castro ne durera pas éternellement. Pour le moment, il est en train de prononcer un violent discours contre les Améridcains ! »
Une question me brûlait les lèvres ; je demandais : « Enfin, Messire, comment des hommes qui ne sont pas moindres que n’importe qui, ont-ils pu croire que l’on pouvait fonder un monde paradisiaque sur la haine : haine de classes et surtout, haine de Dieu, c’est-à-dire que Dieu est l’objet de la haine ?
L’Archange me répondit et un sourire triste passait sur son visage : « Voyez-vous, me dit-il, « il y a notre vieil ennemi, le Diable, le Satan, qui a pris les choses en main ; il est d’autant plus violent que le temps lui est compté et qu’il sait que sa défaite est proche. Son arme favorite est le mensonge, le camouflage ! Pour dire vrai, la ruse est aussi son arme prindcipale, comme aussi le doute ! »

Tout devenait clair : nos Révolutionnaires avaient, eux aussi, suivi le même chemin que tout autre révolutionnaire : le mensonge et le doute ! Et cela nous avait valu la grande Révolution, les massacres de Septembre, le culte de l’Etre Suprême et les Théophilanthropes, sans oublier le culte de la Déesse Raison !...
Saint Michel me dit : « Vous avez vu la gloire de ce monde, la gloire qui passe comme le vent, la gloire des impies : maintenant, je vais vous montrer la vraie gloire : nous allons à Jérusalem, la ville du grand Roi ! Tenez-vous bien ! »
Et de nouveau, l’Archange caressa son cheval qui prit un superbe envol. D’où nous étions, nous pouvions apercevoir la Terre, toute petite. C’était une boule bleue. – D’où nous étions, le sol était ferme : un chemin assez étroit nous conduisait vers l’Est et débouchait sur une large plaine, à l’orée d’un bois d’oliviers. A l’horizon, nous pouvions apercevoir les hautes murailles d’une ville : la Jérusalem céleste !
Le grand portail de la cité céleste s’ouvrit et nous pénétrames dans la ville du grand Roi. Une foule sde Saints, de Martyrs, de Vierges, et d’Élus de tous âges et de toutes conditions, se rendait vers une large place sur laquelle s’élevait un Temple immense. Trois marches de marbre blanc permettaient d’accéder à un large parvis :c’est là que se tenaient les Elus de l’Ancien Testament : Patriarches et Prophètes, et très près de l’Eternel, les Enfants de Bethléem, victimes de la rage folle d’Hérode le Grand.
Une sonnerie de trompette retentit et le silence se fit,un silence de plomb. A un signal donné, un chant joyeux éclata : « Rendez Grâces au Seigneur, car il est bon ! » Et les neuf Chœurs angéliques reprirent : « Car éternel est son Amour ! » C’était le Psaume 136 : il était chanté en hébreu ; il fut repris en latin, en grec,en slavon, en arménien, en arabe, en copte, en éthiopien, dans toutes les langues liturgiques de différentes populations chrétiennes. Le psaume se déroulait harmonieusement, mais j’en avais les larmes aux yeux, car je ne savais pas chanter ! Quoi qu’il en fût, j’appréciais les paroles…
Lorsque le cantique fut terminé, de nouveau le silence se fit et les Séraphins s’assemblèrrent et agitant des palmes d’olivier, ils entonnèrent cette hymne que nous appelons « sanctus. » -Et de même que le Psaume, l’hymne fut reprise dans toutes les langues liturgiques que j’ai citées. Puis le Seigneur, le Christ, procéda au sacrifice de l’agneau sans tache. Puis le sacrifice terminé, ce fut le
chant du « Gloria » également repris dans toutes les langues liturgiques.

De nouveau, l’Archange me prit sur sa monture et me dit : « Je vais vous reconduire chez vous, maintenant que vous avez vu la véritable gloire qui ne passe pas. Permettez-moi de vous laisser un conseil : si vous voulez revenir ici, « ne perdez jamais la Foi ! » - De nouveau, le grand cheval blanc prit son envol
et je me retrouvais dans mon lit. Mais la beauté céleste était restée dans ma mémoire. Et ce n’est pas sans émotion que j’ai versifié les Psaumes de David